Arrivée de Stéphane Mansy
Le Ce.R.A.I.C. accueille Stéphane Mansy à la coordination du Parcours d’Intégration. Il a pris cette nouvelle fonction dès le 3 janvier 2022, l’ensemble de l’équipe l’accueille avec le plus grand plaisir et il lui tarde de faire plus ample connaissance avec les partenaires et le secteur.
L’interculturalité comme moteur d’émancipation sociale et d’émergence citoyenne
Après avoir commencé à travailler dans l’action sociale comme éducateur de rue et animateur socioculturel de 1995 à 2008 au sein de différents quartiers populaires de l’entité louviéroise, j’ai eu l’occasion ensuite de travailler en assistance morale de 1re ligne de 2008 à 2014 avec des personnes précarisées/fragilisées qui accumulaient plusieurs difficultés socio-existentielles, sociales voire psychiques. C’est après cette expérience que j’ai eu l’occasion de coordonner trois équipes, dont celles d’un Centre d’accueil de jour et d’un Abri de nuit pour personnes SDF, sans-papiers et migrantes. Et ce, de 2014 à 2021.
Depuis ce début d’année 2022, me voici donc Coordinateur de l’équipe «Accueil et Parcours d’Intégration» au sein du Ce.R.A.I.C. ; Centre Régional d’Intégration que je connais depuis ses débuts, pour avoir collaboré à de moult reprises sur différentes initiatives avec nombre de travailleurs·euses de l’ASBL. C’est donc avec enthousiasme et stimulation que j’endosse cette nouvelle responsabilité, dans un esprit de coopération, de bienveillance et d’exploitation maximisée des expériences professionnelles et humaines que possèdent mes collègues.
Je mesure le privilège de pouvoir compter sur des personnes de qualité, tout secteur et champ d’actions confondus au sein de notre ASBL, avec qui je vais pouvoir cheminer de concert vers un travail interculturel et émancipatoire des personnes concernées par l’ensemble des projets et des services proposés par le Ce.R.A.I.C. La dimension de l’effectivité des Droits fondamentaux des personnes étrangères ou d’origines étrangères m’apparaît comme essentielle en démocratie. Dans ces Droits, je mettrais en exergue les Droits culturels de ces personnes, afin qu’elles puissent user de leur pouvoir d’agir sur la société dans laquelle elles évoluent et sur leur existentialité singulière pour symboliser culturellement - et au plus juste - leur propre vécu et leur propre rapport au monde.
Pour faire face aux discriminations et autres préjugés que rencontrent parfois ces personnes, il est fondamental de les outiller culturellement et symboliquement pour qu’elles puissent se positionner en tant qu’actrices de leur propre devenir et de leur installation sociale. D’un point-de-vue sociétal, la richesse de la diversité culturelle doit immanquablement passer par une interpénétration de ces diverses cultures, au sein d’un processus d’échanges et de dialogue permanent par un processus de décentrage culturel et ontologique qui augmente de facto cette interpénétration.
L’émergence du sujet au sein d’un territoire ne peut valablement s’optimiser qu’à partir de cette réappropriation citoyenne et politique ; devenir acteur·trice de son propre récit et refuser que d’autres vous le confisquent à vos propres dépens. C’est dans cette dynamique d’autonomisation et de légitimation de ces personnes pour une intégration réussie et effervescente que s’inscrit la démarche d’accompagnement social. Ceci, en faisant alliance avec le public pour converger avec lui vers une inclusion positive et enrichissante. C’est notamment là que réside la quintessence de notre travail interculturel et de mise en lumière des réalités vécues par ces personnes, souvent impactées par une expérience migratoire parfois douloureuse, où le trauma de l’exil doit être pris sérieusement en considération dans un accompagnement psychosocial.
Et face aux menaces de verrouillages identitaires ou essentialistes que certains voudraient réactiver avec un dessein politique peu reluisant, notre combat pour une société cosmopolite, interculturelle et inclusive devra toujours s’associer avec les personnes que nous aidons au quotidien et ce, dans une vision transculturelle d’autodétermination et de convergences.
J’en termine en paraphrasant Bel Hooks – afroféministe et militante des droits civiques - qui nous a récemment quitté et qui disait très justement ceci: «La véritable solidarité politique, c’est d’apprendre à lutter contre des oppressions que l’on ne subit pas soi-même»…